Rassemblement du 30 août à l'hôpital de Sion: réponse aux pétitionnaires

Les participants au rassemblement du 30 août dernier (photo) ont fait parvenir un courrier muni de quelque 80 signatures à la direction de l'Hôpital du Valais. Nous publions ci-dessous ce document (PDF en bas de page), ainsi que les réponses que la Direction COVID-19 de l'Hôpital du Valais souhaite apporter en toute transparence aux points soulevés.

Cher Monsieur, chers signataires,

Nous accusons réception de votre courrier daté du 30 août 2021 et vous remercions de l’intérêt que vous portez à l’Hôpital du Valais et à la prise en charge de ses patients.

Certaines de vos questions et remarques relèvent davantage de problématiques de santé publique générale qu’hospitalières, mais c’est bien volontiers que nous vous apportons les précisions ci-dessous.

De manière générale, notre souci n’est pas tant celui du vaccin, mais bien de toutes les mesures possibles et associées en vue d’éviter la propagation du virus pouvant conduire à infecter nos patients, nos collaborateurs et à un débordement de nos services au détriment des autres malades (urgences, oncologie, chirurgie…). Le vaccin est un moyen parmi d’autres que nous recommandons et appliquons à l’hôpital.

Nous assurons notre disponibilité et l’accueil à tous les malades qu’ils soient vaccinés ou non et quelle que soit leur croyance et notre devoir est de les protéger, y compris contre d’éventuelles infections nosocomiales, quel que soit le germe viral ou bactérien et y compris le coronavirus.

Nous n’avons jamais «entubé» (c’est-à-dire trompé ou floué) nos patients et n’acceptons pas de telles insinuations.

Contexte politique, sanitaire et de santé publique

  • L’Hôpital n’est ni l’Etat fédéral, cantonal ou le Service de la santé publique et n’assume pas de rôle politique à ce titre. Il n’a pas la charge de la validation des vaccins ni de l’organisation des campagnes de vaccination. Il ne décide pas des mesures ni des recommandations, mais se doit de les appliquer. La voie de recours pour contester de telles décisions est l’autorité cantonale et non l’Hôpital.
  • Nous avons toujours fait référence à ce que nous observons dans notre établissement, lorsque nous avons signalé la montée de la deuxième vague, lorsque nous avons observé une augmentation inquiétante du nombre de demandes de prise en charge exprimées par les jeunes personnes dans nos services psychiatriques.
  • La prise en charge précoce des malades n’est pas dans nos attributions, mais du ressort de la médecine ambulatoire, notamment sous l’égide de la Société Médicale du Valais. Nous ne recevons que les cas compliqués et dépassés et ne pouvons pas distribuer des traitements précoces comme vous le suggérez. Nous avons par contre participé à de nombreuses études en cours sur l’efficacité des traitements en phase de complication.
  • Nous nous efforçons ensuite de confronter nos observations aux données scientifiques en contribuant activement à la recherche sur les traitements. Nous l’avons ainsi fait pour l’hydrychloroquine et le remdesivir, sans que ces études ne permettent de constater d’efficacité évidente, et les avons donc retirés de notre arsenal thérapeutique pour traiter les cas lourds. Nous espérons qu’il sera bientôt possible de disposer de traitements efficaces que nous appliquerons alors volontiers.

Les données dont nous disposons à ce jour sur l’efficacité du vaccin

  • Notre communiqué fait effectivement état d’une «efficacité diminuée du vaccin sur la transmission du COVID-19 contre la souche prédominante delta». Il faut ici bien lire que l’efficacité peut être diminuée pour la transmission du variant delta. Les études actuellement disponibles donnent des résultats divergents sur l’ampleur de cette diminution. Il n’en demeure pas moins que cette efficacité n’est de loin pas nulle et non négligeable. Et à ce titre, il nous paraît opportun de la prendre en compte.
  • L’efficacité du vaccin sur les infections est largement démontrée. À la fin de la semaine 34, 162 868 Valaisannes et Valaisans étaient complètement vaccinés, dont 278 (soit 1,7‰) ont tout de même subi une infection. En comparant les incidences cumulées des cas chez les vaccinés et les non-vaccinés depuis le 27 janvier 2021, on constate qu’il y a 36x plus d’infections chez les non-vaccinés que chez les vaccinés.
  • L’efficacité du vaccin pour prévenir les formes graves de la maladie est avérée. Le 3 septembre, sur l’ensemble du Canton, l’Hôpital du Valais comptait 19 patients atteints du COVID, dont 2 aux Soins continus et 5 aux Soins intensifs. À ce jour, aucun patient vacciné n’a dû être hospitalisé en Soins continus ou Soins intensifs. L’occupation de nos lits est par ailleurs mise à jour de manière quotidienne sur notre site internet.
  • Il est vrai que certains pays, comme Israël, procèdent à l’administration d’une troisième dose de vaccin. Rien n’indique toutefois que les effets indésirables seraient «gravissimes», l’administration d’une 3e dose semblant même très efficace. Pour notre part, nous n’avons à ce stade pas envisagé l’administration d’une 3e dose et ce n’est actuellement pas un thème à l’Hôpital.

Effets secondaires du vaccin

  • L’ARN messager, également appelé «ARNm», transmet à vos cellules des informations sur les caractéristiques de la surface du virus. Votre organisme peut ainsi préparer la réponse immunitaire qu’il déploiera pour se défendre en cas de nouveau contact par la suite. L’ARN messager ne pénètre pas dans le noyau protégé des cellules, qui renferme votre patrimoine génétique. Par conséquent, il n’interagit à aucun moment avec votre ADN.
  • Le concept d’ARN messager a été émis puis démontré par Jacques Monod, François Jacob et leurs collaborateurs à l’Institut Pasteur en 1961, ce qui leur a valu le prix Nobel en 1965. Dans les années 1980-90, des chercheurs ont ainsi eu l’intuition que l’administration locale d’un ARNm pouvait être d’une grande utilité en cancérologie et en immunologie en induisant de façon ponctuelle la production d’une protéine active ou immunogène, et donc une réponse immunitaire, le principe de base de la vaccination. La technique de l’usage de l’ARN messager n’est donc pas une substance inconnue et elle est connue de longue date. Ce qui est nouveau et inconnu, c’est le Coronavirus et ses protéines spécifiques qui sont reproduits par le système ARN messager.
  • L’Hôpital n’est pas l’organisme qui collige et commente les effets indésirables des médicaments et des vaccins, mais avons toujours déclaré nos observations à l’autorité compétente en Suisse, à savoir Swissmedic, l’Institut suisse des produits thérapeutiques.
  • Swissmedic  est chargé de contrôler la sécurité des médicaments. Ces activités de pharmacovigilance incluent la réception et l’évaluation de déclarations d’effets secondaires de médicaments et de vaccins, y compris ceux qui servent à lutter contre le Covid. Ainsi, la loi suisse sur les produits thérapeutiques prévoit que les consommateurs, les patients et leurs organisations ainsi que les tiers intéressés peuvent déclarer à Swissmedic les effets indésirables de produits thérapeutiques et les incidents qui leur sont imputables.
  • Après 9,7 millions de doses injectées, le chef du département Sécurité des médicaments chez Swissmedic, Christoph Küng s’est exprimé dans la presse ce 3 septembre 2021 et estime que: «La balance bénéfice-risque des vaccins reste positive. Le rapport entre les 9,7 millions de doses et les 6600 rapports notifiant des effets secondaires présumés est important dans l’évaluation. Swissmedic enregistre tous les événements signalés, les examine soigneusement et les publie. Les spécialistes recherchent des anomalies ou des effets inattendus. […] Un lien temporel avec la vaccination ne signifie pas qu’il existe également un lien de causalité. […] Il faut savoir qu’en Suisse, 700 000 personnes ont contracté le Covid et 11 000 en sont mortes.»
  • Plus près de chez nous, nous rappelons qu’à l’hôpital nous avons vu de nombreux décès, de nombreuses séquelles et de nombreuses souffrances consécutives à l’infection COVID 19, mais à ce jour aucune complication vaccinale ayant causé de tels dégâts. Nous pouvons aussi indiquer qu’actuellement le 100% des patients faisant des complications graves nécessitant des soins intensifs et continus ne sont pas vaccinés. Cette situation peut bien sûr évoluer et nous tâcherons alors, comme jusqu’à présent, de nous adapter et de trouver les meilleures réponses possibles.

Exigence d’un Certificat COVID pour les visiteurs de l’Hôpital

  • Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les mesures prises visent à limiter le risque d’infections Covid nosocomiales afin de protéger les patients et le personnel de l’Hôpital du Valais.
  • En date du 18 août, le gouvernement cantonal a «fortement recommandé aux institutions d’obliger les visiteurs et les intervenants externes à présenter un certificat COVID-19 avant d’entrer dans l’établissement.» Une mesure que la direction de l’Hôpital du Valais a jugée appropriée afin de ménager la possibilité des patients de recevoir des visites tout en limitant le risque d’infections nosocomiales.
  • Pour mémoire, le Certificat COVID consigne une vaccination, une infection guérie ou un résultat de test négatif. Nous n’exigeons de personne qu’il soit vacciné et acceptons tous les malades et blessés sans distinction de statut vaccinal, de croyance ou de culture, notre mission est de protéger tout le monde.
  • Nous rappelons donc que les visiteurs ne disposant pas d’un certificat COVID peuvent présenter un test négatif valable (PCR de moins de 72 heures ou rapide antigénique de moins de 48 heures). Ces tests sont gratuits pour les personnes en visite dans les établissements de santé et le resteront après le 1er octobre en l’état actuel des décisions du Conseil fédéral.
  • Dans le Haut-Valais, durant le week-end du 20 et 21 août, le festival de Gampel a accueilli 10 000 spectateurs par jour en possession d’un certificat COVID. À ce stade, nous n’avons pas enregistré d’augmentation des hospitalisations y relatives au Centre Hospitalier du Haut-Valais (SZO).
  • Pour l’Hôpital du Valais, il ne s’agit donc pas d’une mesure politique, mais sanitaire pour éviter, avec d’autres mesures associées, la transmission d’une maladie à d’autres patients, des collaborateurs, des proches et des visiteurs. Nous n’avons pas de «doxa» de l’injection, mais sommes toujours prêts à améliorer nos traitements par de nouveaux plus efficaces et portons de grands espoirs sur les développements futurs à ce sujet.

En conclusion, soyez bien assuré que nous sommes très attentifs «aux souffrances des familles dans notre propre canton» pour reprendre vos termes. C’est pourquoi nous avons sans cesse adapté notre dispositif de prise en charge, pour les soins aigus aux patients atteints de COVID-19, mais aussi pour une prise en charge des troubles chroniques à long terme (consultation «COVID long») et en faveur de la santé mentale des Valaisannes et Valaisans (cellule PsyCOVID dès le mois de mars 2020 et adaptation de l’offre dans le domaine de la santé mentale des adolescents et jeunes adultes à la fin de l’été 2021).

Enfin, nous pouvons aussi constater que les données et les connaissances sur la maladie, ses causes et ses traitements évoluent sans cesse, autant que ce que nous observons sur le virus lui-même. Ce qui est valable aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain et il faudra nous adapter, à mesure de l’évolution des connaissances et de faits documentés. Soyez assuré que l’Hôpital du Valais n’est fixé à aucune «doxa» et qu’il y veillera.

En espérant avoir répondu à vos interrogations, nous vous prions, cher Monsieur, chers signataires, de bien vouloir recevoir nos salutations distinguées.

La Direction COVID-19 de l’Hôpital du Valais